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18 avril 2021

10 ans, déjà.

Nous sommes le 18 04 2011. Il y a 10 ans. Nous sommes lundi. Nous sommes en Ardèche, en vacances. Je les ai préparée ces vacances. Les premières que nous prenons depuis des années. Manon, ma ponette, qui n'est pas encore ma Ponette mais une  jeune fille adorable, termine ses études. Les vacances scolairessont les bienvenues. La jubine, notre affreuse future mais ex belle soeur nous en joue qu'une. Nous réservant des tours pendables et nous rendant la vie impossible. Il y a à peine trois semaines, elle s'est mise en tête de faire évalluer la propriété et la maison de ma mère en vue d'y mettre la main dessus. Je suis venue, alertée par une de mes soeurs. La surprise est de taille, la Jubine ne s'attendant pas à cette intrusion en tombe de cul, lorsque venue avec son expert immobillier, elle me trouve sur son passage. Maman est malade, une ottite. Elle est quasiment sourde. Pour communiquer j'ai acheté une ardoise, magique à ce qu'il parrait. Folle de rage, la Jubine rumine, mais ne digère pas. L'expert évallue, fait son travail, le notaire lui enverra la note. 200 euros, qu'elle paiera de ses deniers réservés sur d'autres héritages. Oui la Jubine est une spécialiste en la matière. Elle a déjà enterré deux de ses maris aprés en avoir hérité, pas étonnant qu'elle soit spécialiste des actes notariés, des enterrements et des successions.   Le soir à peine la soupe déglutie, elle se réfugie dans sa chambre avec mon frère. Ils grignottent devant leur télé, pendant qu'avec maman, nous essayons dedémeller la situation. Nous sommes mal. Nous sommes désespérées, ell et moi, mais nous essayons de trouver une solution. J'écris des prases sur l'ardoise magique, elle me répond oralement. Je pose des questions, elles ne sait pas répondre. Je l'aide à voir clair dans l'imbroglio jubinesque du piège tendu. Et puis arrive 22 h 30. La fin de l'émission que les deux amants regardaient à l'étage. Bousculade dans l'escalier. Nous voyons débouler mon frère suivi de la Jubine son balluchon sous le bras. Nous sommes, maman et moi, dubitatives, interrogatives. Et oui, nous lance celui ci, une chose grave vient d'arriver, nous sommes obligés de partir. Nous nous regardons avec maman, nous demandant bien quelle chose si grave vient de se produire. Mais rien, ils franchissent le seuil comme si rien ne pouvait les arrêter.

Vers 23h 30, voilà le franchin qui rapplique. Nous ne sommes pas encore couchées. Nous lui posons la question qui est de savoir quelle chose si grave vient de se produire. C'est son gamin, nous dit il, il vient d'avaller de l'essence, il est à l'hopital ! Décidément, le fils est l'égal de la mère ! Puis nous allons nous coucher. Le lendemain, maman a retrouvé l'audition. Son ottite a percé. Nous pouvons à nouveau communiqué, réflexion qu'on se fait en un clin d'oeil entre maman et moi. Entre temps j'ai pris rendez vous chez l'ORL. C'est dans quelques jours, je l'y conduirais.

L'Orl diagnostique quand même une surdité à 90%. Nous envisageons plusieurs sénarii d'appareillage, la Jubine, quant à elle estimant que c'est inutile car elle ne supportera pas les appareils auditifs. Je persiste quand même et prendrai rendez vous dans quelques jours, lors de ma prochaine visite. Pas facile quand on est loin, je dois revenir travailler, m'occuper de mes affaires et me disant que bientôt, les vacances scolaires, me permettraient de bien m'occuper du dossier. A distance, je prendrais des contacts, ferais faire des devis.... 

Nous sommes donc le 18 avril 2011. La semaine suivante, c'est Pâque. Les locations vont du samedi au samedi. Nous passons à l'aller pas loin (moins de 15 km de la maison) mais nous avons besoin de prendre nos distances avec la Jubine. Nous nous arrêterons au retour, pour le weeck end de Pâques. Et là nous aviserons.

Que la montagne est belle ! Il fait beau temps. Nous sommes dans un gîte avec beaucoup d'espace autour. Le printemps est en plein épanouissement. Les balades sont enchanteresses. Nous nous sommes égarés du chemin du retour de notre randonnée. Quelques bons 10 km supplémentaires, avant de savourer un repos bien mérité.

Pendant ce temps, du côté de Charel, maman souffre. Elle est hospitalisée. Son médecin est venu ce matin. Déjà jeudi dernier, le médecin de service fut appelé en urgence, mais ne diagnostiquant rien de particulier, il avait mis sur le compte d'une paresse intestinale des personnes agées,les maux dont elle se plaignait. Ce lundi, il est en congés. C'est sa remplaçante qui est de service et diagnostique une occlusion. Hospitalisation d'urgence.

Personne ne nous a alerté. nous sommes loin, aprés tout, pas la peine de nous inquiéter.

Maman franchit le seuil de sa maison, une dernière fois. La dernière fois. Dans ses yeux brouillés de larmes, dans sa voix étranglée de sanglots, elle dit à mon frère et à l'ambulancier " je ne reverrai pas mes petits". Elle pensait à tous ceux qu'elle aimait. Elle pensait à nous ses enfants, à ses petits enfants à ses arrières petits enfants  dont elle ne connaissait pas encore le dernier. Djawal, le tout petit, agé de quelques mois et qui allait venir cet été lui rendre visite avec son papa,  sa maman et son grand frère.

 Elle ne reverrait ni Manon dont elle été si proche, ni Romain, mes enfants qui aimaient tant leur grand mère et dont ils se plaisent à évoquer la mémoire. A qui ils pensent souvent dans leurs interrogations, sur le chemin de leur vie, quand une réponse leur manque et que de lumière ils ont besoin d'être éclairés. Elles ne reverrait pas ses filles si loin d'elle et à qui elle a tant donné. 

Prés d'elle la maudite Jubine allait l'accompagner. Peut être a-t-elle eu les gestes et les mots pour la réconforter malgré tout, je n'en doute pas d'ailleurs. Nous ne le saurons jamais. Mais je m'en veux tellement de l'avoir abandonnée !

 Le lendemain, 19 avril 2011,  entre 6 h et 7 h  maman s'éteignait aprés une longue agonie. Des souffrances insupportables, seule, sans personne pour lui tenir la main, implorant un dieu en qui elle croyait de venir la délivrer.

Vers 7 h30, mon portable sonna. C'était mon frère m'annonçant que tout été fini.

Ce jour là je ne l'oublierai jamais. Je n'effacerai jamais de ma mémoire le bruit insolite de la sonnerie. Je reverrai toujours les gestes mécaniques qu'il me fallut accomplir pour refaire les bagages et rendre les clés du gite où nous étions hébergés. Je me souviendrai toujours des moments qui ont suivit cet instant fatidique où bascule la vie et s'éloignent les destins. Le choc terrible des mots suivis du long silence, de l'absence encore à peine perceptible mais irréverssible et surtout innacceptable. Insupportable.

Je referai longtemps en pensée ces longs kms qui d'elle me séparaient. Je revivrai encore notre arrivée à Issoire prés de la chambre mortuaire où mes soeurs nous attendaient. Et la suite, les embuches, les tracas, la douleurs, les souvenirs. Jusqu'à mon retour dans ma région d'adoption. De l'hostillité, de l'indifférence que je dus affronter. De la colère qui s'en suivit, de la rage au coeur qui mit fin à un engagement que je ne pensais pas interrompre si tôt, mais dont le fondement n'avait plus aucune raison d'être face à une telle absence de soutien et de fraternité, cruellement ressentie dans l'entourage qui était le mien. Comme si de rien n'était. Comme si rien ne s'était passé. J'en ai voulu terriblement aux camarades de n'avoir pas été justement des camarades, car ce n'était pas l'idée que j'en avais. Que je m'en faisais. 10 ans déjà, c'était à peine hier et c'est encore tout frais.

10 ans déjà , le temps s'enfuit.  On dit toujours on dit la vie, oui mais jamais quand c'est fini.

Moi ta vie, je ne l'ai pas oubliée. Je m'en souviens comme si c'était aujourd'hui.

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Commentaires
D
Fabie ! ah ma Fabie ! tu dégaines plus vite que mon ombre ! Oui c'est exactement ça. on en a voulu et en veut encore à ce maudit toubib qui prit à la légère la situation, plus encore qu'à la jubine, car elle nous a donné du travail, mais nous l'avons neutralisée. Je pense que son attitude n'a pas non plus été sans conséquences sur l'état de santé de ma mère.
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F
Je comprends ton désespoir de ne pas avoir pu être à côté de ta mère pour lui tenir la main lors de son départ !<br /> <br /> Et tu n'as pas pu t'empêcher, j'imagine, de penser que si son médecin avait été plus attentif, peut être qu'elle aurait pu être sauvée...<br /> <br /> En plus cette belle sœur ne semblait vraiment pas être honnête, faire évaluer la maison de sa belle mère, mais de quoi se mêlait elle.<br /> <br /> Gros bisous ma Délia
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