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28 avril 2023

La petite qui chantait tout le temps.

"Tu parles toujours de ceux qui ne sont plus, jamais des vivants, tu devrais le faire, qu'au moins on  puisse le lire" ! me disait ma petite soeur, il y a à peine hier.

Parce que si tu ne veux pas qu'on te lise c'est pas la peine d'écrire, ajoutait celle qui a maintenant, ce jour,  un an de plus. 

Ben oui, ils ne sont plus là pour lire ce qu'ils aimeraient peut être. Mais c'est plus facile parfois d'écrire sur des regrets. Il y a le chagrin, la tristesse bien sûr, qui nous font nous épencher davantage. Il y a aussi cette sorte de déni qui nous fait prolonger leur vie par nos écrits. Nos souvenirs et notre peine pour dire l'absence. Décrire le vide n'est pas simple et encore moins de le combler. On dit encore que tant qu'on parle de nous, tant qu'on pense à nous, on n'est pas tout à fait mort. Et  pourtant ! combien de vivants sont déjà morts si on part de ces principes ? 

Mais alors ? Vaut il mieux, parfois, être mort plutôt que vif ? C'est selon. Dans bien des cas, être vivant n'est pas un cadeau. Tandis que la mort de certains en serait presqu'un pour d'autres. 

Bref, j'avais promis à cette petite qui chantait tout le temps, qu'un jour, peut être j'écrirai pour elle. 

Mais avant de commencer. Et ce n'est point chose facile.  Tout comme sa vie, au fond, il me faut tout de même préciser une chose: c'est que la vérité n'est pas une, elle est multiple. Chacun a la sienne, qui lui ressemble, fonction de sa personalité, de sa sensibilité, de sa perception du moment. La mémoire est selective, elle retient certains évènements, tandis qu'elle en oculte d'autres parfois bien plus importants.

 Je ne prétends pas raconter son histoire qui ne m'appartient pas, seulement une histoire, tellle que ma vision d'enfant l'a façonnée. Telle qu'elle m'est apparu à travers bien des versions. Chacun dira peut être un jour la sienne et au beau milieu de tout ça, peut être on parviendra à voir plus clair en nous et en chacun de nous. Ce sera notre histoire et rien de plus. 

Née un jour d'avril, un 28, dans la continuité d'une famille riche en  rien du tout si ce n'est en émotions et aussi en courage, même si ce furent bien là  ses seules richesses. Les autres ayant depuis toujours déserté la terre de ces encêtres.  

Rebelle dès le berceau, ce qui est loin d'être un défaut, sauf pour sa mère qui l'eut préférée plus docile, elle donna beaucoup. Et pas que du fil à tordre, à tous ceux qui voulaient  en découdre, elle le resta jusqu'à aujourd'hui et le sera jusqu'au bout.

Pour elle, passé, présent et avenir se conjuguent avec rebelle et révoltée. Et elle a de qui tenir ! Grand père, père, mère à sa façon, tante, soeurs, dans la famille, on sait ce que se battre veut dire. On connait la valeur du mot lutter, la lutte de classe, on sait ce que c'est. Et je peux dire non sans une grande fièreté que pas une cause qui serve le peuple n'a échappé à sa sagacité. Debout, toujours. Ne jamais courber l'échine. Vivre chichement, mais dignement.. Aider les autres. Leur donner le  pain, le gite,  la chaleur humaine, tout ce qui sépare le monde de l' humanité de celui des affaires. Défendre les causes perdues  ? Il y en -at-il, seulement ? Chaque être n''a-t-il pas droit ni au pardon, ni à l'excuse ? A la défense ? A la dignité.  C'est tout cela à la fois que depuis touujours elle défend. La cause des faibles, la cause des justes, la cause des sans. 

 Je me souviens d'elle, j'avais 4 ans, elle, quelques mois. Elle se tenait assise sur sa couverture, devant le poèle dans la maison. On nous l'avait prise tout bébé. Nous n'avions pas assisté à ses premiers biberons. A ses premiers changes. Ses premiers sourires nous avaient été enlévés. Ses premiers mots ? lesquels furent ils ? Pour ses parents ? Ou pour celles qui les avaient remplacés ? Vous dire si cela nous avait manqué ? Non, je ne crois pas. Fait on attention à toutes ces choses ? Quand on a 4 ans ? Pourtant ils ont bien manqués à quelqu'un, à sa mère surement, qui en ayant été prvée ne pu, ne su tisser ces liens si précieux pour un nouveau né. Je me souviens qu'elle nous repoussa, elle ne nous connaissait pas. Comme un petit animal désemparé, elle ne connaissait rien de notre univers. Son père, sa mère, les connaissait elle ? Pour elle, elle les découvrait tel qu'on lui en avait peut être parlé, mais que sait un bébé d'un foyer auquel il a été soustrait ? Ma cadette avait un an de plus qu'elle, c'était aussi un bébé. Comme tous les bébés du monde, nous avions répondu par une rebuffade. Ma mère intervint et nous gronda, sévèrement, il me semble. Mais qu'en était il, qu'en serait il de ces liens jamais véritablement tissés ?

 

 A elle, il lui fallut réapprendre ce qu'aurait dû être ce foyer, pareil à ce que pour nous il avait été. Bienveillant, accueillant, chaleureux.. tout ce qu'il n'était pas. Tout ce qu'il n'avais jamais été et sans doute ne le serait jamais. Alors, oui, la dureté de la vie, déjà, à elle se manifestait. Quand je pense à toutes ces choses, j'ai mal. Le mal est pour tout le monde dans ces choses là. Mais il n'est pareil pour personne. On n'imagine même pas pour elle ce qu'il était. C'est ce courage avec lequel elle est née, a grandi, s'est confrontée que je veux saluer. Ce courage qu'il a fallu à cette petite fille pour devenir grande. Sans véritable soutien. Sans écoute. Sans bienveillance, parce que la rebelle qui dominait en elle, de tout le monde avait été écartée. Alors, il lui fallut tout de même avancer, coûte que coûte et elle seule, sait, ce qu'il en coûte d'avancer. Avancer, se construire, rester humble, digne, droite et honête, tel fut le but qu'elle se fixait. Elle aurait pu sombrer. Mais elle ne l'a pas fait. Ce que c'est d'être une battante, tout de même ! Être une femme, une vraie. Juste,  se battre pour l'égalité entre tous. Combattre les inégalités, toutes.

Je la revois gamine, sur les chemins de notre école, trainant son cartable , jouant à faire des blagues en chantonnant. Je la revois à l'étable, je la revois aux champs. Les corvées à accomplir le soir en rentrant de l'école. Traire la Mignone ou la Jolie avant d'aider à  autre chose, il y a toujours de la besogne quand on est fille de paysan.

le riveau

 Je la revois plus grande, faire des niches à la Francine,  se battre avec la maitresse d'école, parce qu'elle lui reprochait une punition injuste envers sa petite soeur et qu'elle jugeait de son devoir de jouer les vengeresses, les  justicières, les redresseuses de tort et qu'elle en a fait son combat.

Son combat, celui de toute une vie. Celui de quelqu'un qui tant, en a souffert ! Tant en souffre aujourd'hui encore, alors qu'elle devrait couler des jours heureux bien mérités. 

Des jours heureux aux côtés de celui qui partagea sa vie et que cette garce de vie lui a enlevé. 

La laissant seule sur le pavé, avec des petits à élever. Personne ne peut imaginer, à quel point une vie c'est dur parfois. Surement pas ceux qui donnent leçons sur leçons à tous, au prétexte que la leur, de vie a "été plus... riche ? Plus variée ? " Parce qu'ils auraient connu amour gloire et beauté ? renommée ? Et encore  ! par personne interposée. Par hérédité ?  Parce que le mérite ferait partie d'un héritage particulier ? Serait inné ? Ou se décrèterait ? 

Personne, je dis bien personne, sur ce plan là, avec elle  ne peut rivaliser. Ils peuvent toujours s'accrocher, héritiers de sénateurs et autres pseudos valeurs  improvisées. 

 Et moi, je suis fière d'elle de ce qu'elle fut, de ce qu'elle est. Est, et restera, entière, et entièrement dévouée à la cause des déshérités. 

Pour elle, je souhaite la meilleure journée possible, un bon anniversaire et une bonne nouvelle année. 

2023 04 09 Le Palais sur Vie,,e (5)

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au temps des vaches de lossedat (1)

Tourbière de Clamouse

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Commentaires
D
Merci pour elle. Je crois que tu dis vrai, chez nous, c'est une affaire de longue date. Je t'embrasse et elle aussi. Car tu sais, le premier mai nous avons défilé ensemble, j'étais invitée à Clermont Ferrand, où je ne connais quasi personne. Elle m'a présentée aux camarades. Ses yeux brillaient. c'est ma grande joie d'avoir quelqu'un comme elle à mes côtés.
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P
Récit poignant et superbe hommage à ta petite soeur ; bon anniversaire à elle.<br /> <br /> La combativité, c'est de famille à ce que je lis ! <br /> <br /> Tu es fière d'elle et je pense qu'elle peut l'être de toi également.<br /> <br /> Gros bisous ma Delia ♥
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D
Merci pour elle. Oui elle était malade, il était plus facile de la soigner à l'hôpital de Clermont où les tatas s'occupaient d'elle qu'à la maison où mes parents (qui avaient failli perdre leur deuxième fille qu'ils avaient veillée jour et nuit, durant ce long mois de février 1956 c'est à dire 2 mois avant) n'avaient pas les mêmes moyens. Nous étions à 60 kms de la grande ville et pas de moyen de locomotion autre que la moto de mon père. Eux avaient au moins des circonstances atténuantes. Je t'embrasse.
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F
Très Joyeux Anniversaire à ta "petite sœur ".<br /> <br /> Elle avait été malade, pour ne pas vivre ses premiers mois avec vous ?<br /> <br /> <br /> <br /> Mes parents m'ont "abandonnée" durant mes trois premiers mois, ils m'avaient laissée à la pouponnière de Toulouse parce que mon père allait faire un remplacement, et que parait il ils ne pouvaient pas m'emmener !<br /> <br /> Alors l'histoire de ta sœur me parle, sinon que j'étais l'aînée.<br /> <br /> Je vous embrasse toutes les deux
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